Le Trousseau De Mon Bébé
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 |  Sujet: Handicap et Maternité  Ven 9 Nov - 16:32 | |
| Même si la situation évolue, la société voit encore d’un mauvais œil que les femmes handicapées puissent être mères.
Aucune aide
« Comment elle va faire », « elle est irresponsable »… Souvent, les critiques fusent et le regard des personnes extérieures n’en est pas moins dur. Les pouvoirs publics ne se montrent pas davantage sensibilisés : aucune aide financière spécifique n’est prévue pour aider les mamans handicapées à s’occuper de leur bébé. La France accuse un vrai retard en la matière.
Structures insuffisantes
Sur 59 maternités en Ile-de-France, seulement une vingtaine se déclare capable de suivre une femme handicapée dans le cadre d’une grossesse, selon une enquête entreprise par Mission handicap de l’Assistance publique de Paris en 2002. Quant aux cabinets de gynécologie, sur les quelques 1 760 existants dans la région, une centaine seulement est accessible aux femmes en fauteuil roulant et une quarantaine dispose d’une table élévatrice.
Malgré tout, des initiatives locales émergent. L’institut de puériculture de Paris a ainsi développé l’accueil des femmes enceintes non-voyantes. Certaines maternités disposent d’un accueil en LSF (Langue des Signes) pour les futurs parents sourds. L’association pour le développement de l’accompagnement à la parentalité des personnes handicapées (ADAPPH) organise, quant à elle, des réunions débats, comme sur l’organisation de la vie quotidienne, dans chaque région de France. Un moyen d’encourager les femmes handicapées à oser être mères.
Etre mère en fauteuil
Malgré les préjugés et les appréhensions, beaucoup de femmes handicapées sont mères. Avec l’aide de leur enfant, l’adaptation se fait naturellement.
"J'avais peur de ne pas y arriver, de mal l'élever, de ne pas trouver de trucs et astuces pour pouvoir la changer, la baigner...", explique Florence, paraplégique, maman de Sarah, âgée de 2 ans et demi. En 1998, alors qu’elle n’avait que 23 ans, un accident de voiture l’a privée de ses jambes, mais lui a laissé la chance de pouvoir être enceinte. De la grossesse à l’accouchement, tout s’est déroulé normalement.
Dès sa naissance, la fillette a ressenti le handicap de sa mère. "Elle s’est adaptée, me rendant certaines tâches plus faciles, raconte la maman. Jamais elle n'a gigoté ou s’est penchée lorsque je me déplaçais avec elle sur mes genoux. Elle avait déjà conscience que c'était dangereux pour elle."
Bébé débrouillard
Si certains médecins avancent que les enfants de mamans handicapées risquent d’être en retard pour la propreté, ce n’est pas le cas de Sarah. "A deux ans, elle est beaucoup plus propre que ses cousins !", s’exclame Florence. D’ailleurs, la fillette est devenue autonome très rapidement : elle se déshabille seule, ramasse ce qui tombe par terre et prend même soin de réajuster les pieds de sa maman lorsqu’ils sortent de la palette du fauteuil.
Astuces au quotidien
Si l’enfant apprend naturellement à s’adapter à la situation de sa mère, des arrangements techniques restent nécessaires. Florence a trouvé des solutions. Un bureau remplace ainsi la table à langer, pour permettre au fauteuil de passer au-dessous. Pour le bain, la baignoire est posée sur des trépieds. La présence d’un tiers reste toutefois nécessaire pour remplir la bassine et superviser la situation.
Etre mère non-voyante
La cécité n’empêche en rien d’être une maman comme les autres. Le développement des autres sens permet de s’occuper de son enfant, sans avoir nécessairement recours à une aide extérieure.
« Je n’ai jamais été effrayée par le fait d’être une mère non-voyante », annonce d’emblée Marie-Renée, maman de trois enfants et enseignante à l’institut des jeunes aveugles, à Paris. Comme toutes les mères, pour la première naissance, il faut apprendre à s’occuper d’un bébé. « Pour y parvenir, mieux vaut exiger de changer soi-même la couche, nettoyer le cordon… La puéricultrice ne doit pas se contenter de faire et d’expliquer », explique la maman. Une non-voyante a en effet besoin de sentir, palper son enfant. Ensuite elle peut tout faire, « même lui couper les ongles », assure Marie-Renée.
Le regard des autres
A la maternité, pour la naissance de son troisième enfant, Marie-Renée se souvient de son exaspération lorsque sa compagne de chambre, une autre maman, s’est permis de la juger sur son incapacité à être une bonne mère. Son conseil : « ne jamais se laisser marcher sur les pieds et n’écouter que soi ».
Une question d’organisation
Des petites astuces permettent d’adapter le handicap aux tâches quotidiennes. « Certes, les repas peuvent causer des dégâts. Mais l’utilisation d’une blouse et de bavoirs limitent le carnage », s’amuse la maman. Nourrir l’enfant en le plaçant sur ses genoux, plutôt que sur une chaise, permet de contrôler les mouvements de sa tête.
Côté biberons, rien de plus simple. Un bol gradué en braille permet de les doser et des comprimés – faciles d’utilisation – de les stériliser.
Quand Bébé commence à crapahuter, il suffit d’organiser l’espace avant de poser l’enfant. En clair, ne rien laisser traîner.
Tout-petit et déjà mature
Un enfant prend très vite conscience du danger. A condition de l’y sensibiliser. « Dès l’âge de 2 ou 3 ans, j’ai appris à mes enfants le feu rouge et vert. Sachant que je ne pouvais les surveiller, ils sont devenus très disciplinés, raconte Marie-Renée. Mais si l’enfant est agité, mieux vaut avoir une laisse. Il déteste tellement qu’il redevient sage rapidement ! »
Etre mère malentendante
Comme pour chaque handicap, les mamans malentendantes s’adaptent. Et Bébé en tire bien des avantages !
« Entendre » Bébé
« Je n’entends pas mon enfant, mais cela ne m’empêche pas d’être une maman tout à fait normale », raconte Carole, mère de Faustine, âgée d’un an et demi.
Pour ne pas laisser pleurer son enfant pendant des heures avant de s’en rendre compte, la jeune maman utilise un appareil conçu spécialement pour les sourds : un babyphone vibrant. Selon l’intensité des pleurs de Bébé, l’appareil vibre et émet des flashs lumineux, plus ou moins intenses. « Au début, j’avais peur de m’endormir et de pas « sentir » mon enfant pleurer, raconte Carole. D’autant que mon époux est aussi sourd. Mais en plaçant l’appareil sous son oreiller, on se rend rapidement compte qu’il est impossible de ne pas se réveiller ! »
D’autres mamans utilisent un babyphone avec caméra de vidéosurveillance intégrée.
Parler avec son enfant
Faut-il enseigner à Bébé le bilinguisme (langue parlée et langage des signes), alors même qu’il n’est pas sourd ? Même si, en général, les malentendants parviennent à lire facilement sur les lèvres, la communication sera plus simple si l’enfant connaît aussi la LSF (langue des signes). Surtout si ses parents ont du mal à s’exprimer oralement. Autant commencer dès le plus jeune âge car l’apprentissage de la LSF est bénéfique au développement de l’enfant, y compris pour le langage parlé. En plus, cela permettra de communiquer avec Bébé, avant même qu’il ne dise ses premiers mots ! « Depuis sa naissance, pour lui parler, j’accompagne mes paroles par les gestes adéquats, explique Carole. Résultat, à seulement 17 mois, Faustine connaît déjà 35 signes. Elle peut dire merci, dehors, j’ai faim…Cela permet d’éviter bien des colères ! »De jolies leçons de vie de la part de ces "mères courage", vous ne trouvez pas ? | |
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